
De remplacements en remplacements, de découvertes de régions en adaptations nouvelles… cette année ne fut pas de tout repos.
Radio France c’est une belle entreprise qu’il faut aussi mériter. Même si cela fait 3 ans que j’y suis rentrée en tant que chroniqueuse, même si j’ai fait ma formation d’animatrice radio à l’INA, il faut encore que je me rode et que je me forme.
Cette histoire de tour de France fait partie du processus d’intégration. Un beau jour, je vais avoir envie de poser mes valises quelque part, sur une des 44 stations que compte France Bleu. Avant de postuler, il faut d’une part qu’il y ait un poste d’ouvert, et de l’autre, que j’ai dans ma besace, suffisamment d’expérience et d’acquis sur le terrain. Ce fonctionnement peut faire penser aux compagnons du devoir ou bien à la titularisation dans l’éducation nationale…
Remplacer au pied levé, à la dernière minute parfois, remplacer sur un poste culturel puis sur du weekend pour un jeu… une semaine, quelques jours, une quinzaine, un mois…. travailler et vivre en décalé ! Plus qu’un mode de vie j’ai compris cette année que c’était une histoire d’état d’esprit aussi. Accepter de passer sa vie dans des valises, entre deux trains ou deux avions. Un grand esprit d’aventure est nécessaire et au delà de tout le côté romancé et audacieux, il y a la réalité de la solitude et de cette vie à côté de ma vie bien douillette et tout de même bien installée, à Orléans.
Cette année 2020-2021 était donc pour moi l’occasion de me tester sur les différentes radios, et de me mettre aussi en danger. Je suis partisane du je te pousse et on voit sur quel pied tu tombes. Vous pouvez peut-être trouver ça très courageux, moi je me dis souvent que c’est une forme d’inconscience. Cette motivation personnelle tombait bien, car c’est exactement comme ça que j’ai perçu cette année…

Aujourd’hui ma maison c’est moi
La solitude. C’est sans doute ce qui a été le plus difficile cette année. Voir mes proches évoluer sans moi, me sentir loin physiquement et mentalement.. Il y a eu de gros bouleversements cette année et même si j’ai soutenu du mieux que je pouvais à distance, j’aurais aimé accorder plus de temps à mes proches. Avoir deux vies, une à Orléans et une sur les routes… c’était étrange de me sentir flottante de la sorte. N’être pas tout à fait chez moi, ni tout à fait ailleurs car je me savais attendue à la maison.

Ne pas être chez soi, je veux dire, dans un hôtel, dans une ville, avec des gens que je ne connaissais pas la veille… ça ramène à quelque chose de très instinctif. J’ai aimé explorer ce sentiment. Revenir à la rencontre de mon moi seule… Qu’est-ce je suis quand je suis toute seule ? De quelle façon je me présente quand je rencontre quelqu’un de nouveau ? Qu’est-ce qui me gêne, qu’est-ce qui me met mal à l’aise ? Comment je fais pour surmonter ça ? Cette période m’a apprise à être davantage à l’écoute de moi-même.
Je fais naturellement des choses seule car je suis très indépendante. Manger au restaurant seule ne me dérange pas, aller visiter un musée non plus. J’ai aimé bien sûr partager des verres et des sorties avec des collègues, et j’ai pensé aussi aux lieux où je reviendrai avec mon mari pour les lui faire découvrir !
Les lieux où je me suis sentie incroyablement bien et où je me suis dit » Ok, je ne voudrais être nulle part ailleurs. Je suis bien. «
Le villages des pêcheurs à Sète à contempler le parc à oursins / Manger du Mont-Dore à Besançon au restaurant la Grange / Parler bien dans les yeux à Léopoldine HH / Manger des pâtes au pesto incroyables à Nice sur la plage / Marcher sur les plages de Normandie / Découvrir un burger avec des gambas à Perpignan
Résiste, prouve que tu as ta place
Passée la première surprise de me retrouver dans des lieux inconnus, seule… je devais aussi découvrir sur place des tâches diverses et variées. J’ai fait tous les créneaux de remplacement possibles, excepté la matinale semaine. D’une région à l’autre j’ai appris à m’adapter aux coutumes ( « t’as meilleur temps » est une expression acquise à Belfort ! ), mais également aux équipes.

Les personnalités des gens sont ce qu’elles sont, et ça a piqué parfois ! A presque 28 ans, je n’ai pas forcément beaucoup travaillé en équipe et devoir me réadapter à chaque contrat a entraîné remise en question et prise de recul nécessaire… Question de timidité, de non-confiance en moi, de nouveautés aussi… je n’étais pas forcément très à l’aise partout, et il a fallu que je mette parfois de l’eau dans mon vin. Collègues lourds, blasés, moqueurs… j’en ai vu de toutes les couleurs.
Heureusement, il y a eu aussi de belles rencontres avec des personnes aidantes, encourageantes et rassurantes ! Au début de ce tour de France, il a fallu que je me remette beaucoup en question, car j’ai souvent tendance à être dans la surimpressionnabilité. Comprenez que j’ai souvent peur de déranger, ou bien de passer pour une imbécile, face aux gens qui sont là depuis longtemps et se connaissent bien. J’ai un peu passé ça, mais j’ai quand même ce caractère, de si quelqu’un parle fort et a un regard méchant, je m’écrase et je pleure dans un coin. Mais je travaille ça…
Voyage valise, plus loin que la nuit et le jour

Faire ses bagages…profiter d’avoir une machine à laver, se réapproprier sa garde-robe… Réfléchir à optimiser son temps… que de noeuds dans le cerveau avec ce tour de france ! Le pire étant, quand j’ai dû enchainer des remplacements à Nice puis Perpignan puis Metz… ma valise était à elle-seule ribambelle de saisons.
J’ai pris l’avion à deux reprises, question de fatigue et de temps. La première fois, seule face aux nuages, une larme a coulé le long de ma joue. Je n’étais pas tremblante ou triste, le sentiment qui me dominait était un mélange de fierté et de surprise. Je suis capable de prendre l’avion toute seule…. je fais ça , je suis en train de le faire. Hé regardez-moi, je suis capable. Avec le recul et les mois passés, je me rends compte que je suis sûrement un peu trop émotive, mais ce moment marquait vraiment quelque chose dans ce tour de France. J’ai pris une confiance en moi nouvelle avec ce premier vol.

Oui je t’aime Douce France Bleu

Comme la France est riche et belle. De ce tour de France je retiens l’émerveillement, les couleurs, les gens, la façon si particulière d’être, aux quatre coins du pays. J’ai beaucoup fait du tourisme pendant ce tour de France, et cela me permettait d’alimenter mon antenne. Comment ajouter un peu de vie et de local à des micros si je ne visite pas un peu la région ?
Mon plus long contrat d’un mois à Nice, m’a permise d’aller au musée Matisse, également au MAMAC, à Cannes visiter le Belem, un trois-mâts incroyable qui a traversé les siècles. En Franche-Comté, je suis allée visiter le musée du Temps, j’ai découvert le Lion de Belfort, à Metz j’ai fait un tour au centre Pompidou, près de Perpignan j’ai fait un saut à Banyuls pour ramener une bouteille, au Mans j’ai découvert la vieille ville… et tant d’autres aventures à dire et à écrire.

Si ça s’trouve ça va pas durer ou peut-être seulement quelques contrats

Et la suite ? Et bien elle se précise, déjà intérieurement. Je sais que j’ai fait le bon choix, et j’ai pu croiser pendant cette année, des gens qui m’ont encouragée et qui m’ont soutenue. Tous les soutiens sont précieux, c’est quelque chose dont je suis sûre dans cette vie. Je me sens davantage légitime. De chroniqueuse, je suis passée à animatrice… je n’ai pas à rougir de mon parcours avec ma formation d’animatrice à l’INA ! Déjà trois ans dans cette belle maison Radio France.
Actuellement en contrat long à Orléans, j’attends les perspectives d’avenir, pour me poser je l’espère un jour ! Je suis beaucoup moins perdue que l’an passé, à ne pas savoir si j’allais être prise pour des contrats, ni à savoir comment me placer par rapport à mon niveau. Je fais le job, ça se passe bien, je suis enthousiaste. Je tiens la route et la barre, et je suis heureuse de faire ce chemin-là. Je dois même refuser des contrats, car je suis déjà prise ailleurs. J’ai le luxe de choisir, mais à la fois mon investissement personnel et physique sur un an à tenu ses promesses.
Souhaitez-moi bonne chance pour l’année de remplacements à venir !
Merci à FRANCE BLEU COTENTIN / FRANCE BLEU BESANCON / FRANCE BLEU BELFORT MONTBELIARD / FRANCE BLEU GIRONDE / FRANCE BLEU HERAULT / FRANCE BLEU AZUR / FRANCE BLEU DROME ARDECHE / FRANCE BLEU MAINE / FRANCE BLEU BERRY / FRANCE BLEU TOURAINE / FRANCE BLEU ORLEANS / FRANCE BLEU LORRAINE NORD / FRANCE BLEU ROUSSILLON de m’avoir fait une place quelques temps, dans leurs équipes et leurs régions !
